Elevage et pâturage

Avis d'expert

Patrick Béral,
Conseiller technique, spécialiste bovin lait, à la Chambre d’Agriculture de l’Ariège.
Technique élevage – pâturage

Patrick Béral accompagne les éleveurs sur la zone montagne et piémont de l’Ariège dans la conduite de leur troupeau de bovins afin d’optimiser la production et la qualité du lait. Spécialiste de l’alimentation animale, il souligne les avantages d’un cahier des charges qui privilégie les apports fourragers et fait le point sur les méthodes de gestion des pâturages.

Le pâturage cumule intérêt économique
et avantages écologiques

Le cahier des charges Tommes des Pyrénées impose que 70 % de la ration alimentaire des animaux soient composés de fourrages produits dans la zone géographique de l’IGP. Un quart de la matière sèche de la ration fourragère annuelle provient obligatoirement des prairies (herbe pâturée, séchée ou affouragée), et les animaux doivent pâturer au moins 91 jours par an. Ces conditions sont à la portée de presque tous les éleveurs de l’aire géographique, qu’ils soient en zone de montagne où les apports en herbe sont très largement majoritaires grâce à des temps de pâturage importants, complétés par des apports de foin ou de fourrages enrubannés, ou bien qu’ils soient en zone de piémont ou de plaine à condition de sortir les animaux pour respecter le temps de pâturage.

L’herbe pâturée permet une alimentation bien équilibrée des animaux, à condition qu’elle soit exploitée au bon moment. Elle cumule intérêt économique et avantages écologiques. L’herbe est à la fois l’aliment le moins coûteux et le mieux adapté pour nourrir les bovins. Avec le foin, elle est un capital santé pour les animaux. La diversité de la flore a une incidence sur la qualité du lait et des fromages.

Le pâturage permet l’exploitation des ressources naturelles locales en utilisant peu d’intrants. Une vache qui pâture récolte l’herbe et fertilise naturellement la prairie, économisant ainsi l’utilisation de matériel et de carburant. Une bonne gestion du pâturage est donc essentielle. Pour cela, les éleveurs privilégient le pâturage tournant en divisant la surface à pâturer en différents parcs. Les animaux restent en général de 1 à 3 jours consécutifs sur le même parc (sans jamais dépasser 6 jours). Le délai avant le retour sur un parc est d’au moins 21 jours. Il varie entre 21 et 55 jours en fonction de la pousse de l’herbe, du potentiel de la prairie, des conditions météorologiques, de la saison… En début d’année, l’éleveur établit un plan de pâturage afin d’ajuster au mieux les surfaces pâturées à la taille de son troupeau. Ce plan permet d’optimiser jour après jour le nombre d’animaux présents sur chaque parc afin d’éviter toute surexploitation.

Au printemps, la sortie à l’herbe est déterminée en fonction du stade phénologique des plantes qui composent la prairie. En général, ce stade est atteint lorsque la somme des températures correspond à 250 DJ, c’est-à-dire la quantité de chaleur accumulée par la plante et exprimée en degrés jour (DJ). La sortie à l’herbe intervient en principe mi-mars ou début avril. Toutefois, le changement climatique entraîne une sortie plus précoce d’environ 10 jours.

En été, la pousse de l’herbe est ralentie. L’éleveur augmente les surfaces de pâture avec les prairies de fauche qui ont fait l’objet d’une première coupe au printemps. En cas de sécheresse, il apporte un complément en fourrage.

Chaque éleveur tient un calendrier de pâturage pour chacune de ses parcelles. Ce document permet d’analyser la saison de pâturage et de déterminer les points à améliorer la saison suivante. Il constitue le justificatif de pâture imposé par le cahier des charges Tomme des Pyrénées.